
QUEL AVENIR POUR NOTRE INSTITUTION ?
A l’heure où les drames même les plus violents ne permettent qu’un discours simpliste à visée électoraliste au lieu d’un véritable questionnement autour de l’état de notre jeunesse et de l’abandon des missions de prévention,
A l’heure où les principes fondamentaux de la justice des mineurs sont attaqués avec l’assentiment de notre direction,
A l’heure où les politiques nous expliquent que seule la prison est une réponse acceptable à la délinquance des mineurs,
A l’heure où tant d’inepties sont dites et répétées dans les médias sacrifiant ce qui constitue l’essence même de nos missions,
A l’heure où la directrice de la PJJ passe en force sur la mise en oeuvre d’une charte de déontologie qui demande plus de rigueur aux agents que
l’administration ne s’en applique à elle-même,
A l’heure où notre administration porte des coups de boutoir au dialogue social en s’affranchissant de l’avis des organisations syndicales,
A l’heure où la volonté de Repenser le Milieu Ouvert est sans cesse repoussée et dont nous n’avons visiblement plus rien à attendre sauf de nous expliquer comment faire toujours plus avec moins,
Pouvons-nous encore croire à du dialogue social avec la DPJJ ?
Le climat actuel rend difficile toute réflexion puisque l’exercice de nos missions au quotidien est rendu presque impossible. La réalité des besoins des établissements et services, qu’ils soient humains, matériels ou bâtimentaires, est en complet décalage avec la vision que l’administration s’en fait.
Comment expliquer à des agents qu’ils doivent annuler des rendez-vous car il n’y a plus de voitures disponibles ?
Comment expliquer à des agents qu’ils reprendront, en plus de leurs mesures actuelles, les mesures des contractuels sur le départ car les calculs disent que leur charge de travail n’est pas suffisante ?
Comment expliquer qu’un plan contre le narco trafic est à l’œuvre et que cela se traduit par la création sur le plan national de…13 postes dédiés… ce qui suppose bien entendu que de nombreux territoires n’en bénéficieront pas puisque, comme on le sait, aucun jeune n’y est impliqué dans le trafic de stupéfiants ?
Pour la CFDT il n’est pas envisageable de considérer que la lutte contre le narcotrafic nécessiterait une spécialisation alors qu’en réalité, sur le terrain, les services et établissements ont tout simplement besoin de disposer des moyens nécessaires à remplir l’ensemble
de leurs missions.
Repenser le milieu ouvert oui, mais avec quelle ambition ?
Face à ces constats qui appelle des réponses urgentes, la CFDT a alerté l’administration depuis longtemps et demandé une réflexion sur la baisse des normes de prise en charge en milieu ouvert, afin d’apporter les moyens nécessaires au bon exercice de nos missions.
A l’occasion d’un premier groupe de travail en 2024, l’administration nous a alors répondu qu’il était nécessaire d’objectiver nos constats, niant au passage l’expertise de nos organisations syndicales ainsi que la réalité des remontées de terrain. Après plusieurs reports et annulations, la démarche « repenser le milieu ouvert » de l’administration repose sur des immersions dans des services de milieu ouvert, des questionnaires individuels et collectifs, des travaux en sous-groupes avec des professionnels et les organisations syndicales qui aboutissent finalement à confirmer les mêmes constats que nous avions initialement porté…Tout ça pour ça !
Mais loin de prendre la mesure des besoins, l’objectif de la DPJJ est désormais « d’adapter les moyens et l’intensité d’accompagnement à chaque situation ». Cette résurgence de l’adaptabilité à la PJJ, n’est qu’une façon de masquer l’écart grandissant entre les réalités et les besoins des terrains que la CFDT porte et la position de notre administration. Tout indique qu’il ne sera pas question d’une révision des normes mais bien d’une rationalisation du temps éducatif pour absorber la charge de travail à moyens constants.
L’administration répond à nos revendications par des fiches pratiques et des trames de rapport qui seraient la solution miracle ! Ainsi, l’éducateur passerait de concepteur de son travail à simple exécutant de tâches harmonisées, standardisées, avec au mieux une proposition de formation à la gestion de son temps, lui qui se plaint de ne plus en avoir assez !
Nous avons maintenant la réponse à notre question de départ : Repenser le milieu ouvert oui, mais sans autre ambition que de servir de caution à la DPJJ, et de faire toujours plus sans que l’on nous en donne de moyens !
La CFDT n’est pas dupe de la vacuité du discours de notre direction et de l’absence de volonté politique pour défendre les fondements de nos missions et de nos métiers.
La DPJJ faisant la sourde oreille, c’est avec le ministre et son cabinet que la CFDT discutera.
La CFDT continuera à travailler à la reconnaissance des agents oeuvrant au quotidien, à la préservation de la dimension éducative de nos missions et à dénoncer le choix fait par la DPJJ de conduire, sans état d’âme, l’institution droit dans le mur !