Biographie de Guy Morvan, militant d’Interco CFDT

Guy MORVAN a été secrétaire fédéral de la fédération Interco CFDT de 1980 à 1984

biographie

MORVAN Guy

Né le 12 juillet 1947 à Carhaix (Finistère) ; ingénieur topographe ; secrétaire de la section CFDT de la mairie du Havre (1974-1979), secrétaire fédéral de la fédération Interco CFDT (1980-1984), secrétaire de la section CFDT du personnel du CNFPT (1984 – 1996), membre du Bureau national de l’Union Confédérale des Cadres CFDT (1994-2005).

La famille de Guy Morvan était d’origine rurale. Sa mère Marguerite Le Roy (1916-2018), fut commerçante dans un café-épicerie à Carhaix (Finistère). Son père, Yves Morvan (1920-2004) fut pendant trente-cinq ans secrétaire de mairie dans une commune rurale proche du commerce familial, à Plounévézel (Finistère). Engagé en mars 1944 dans la Résistance, celui-ci avait été membre des Forces françaises de l’intérieur (FFI), au sein du bataillon La Tour d’Auvergne et fabriquait notamment des faux papiers. Il resta toujours marqué par le drame de Lamprat (Morbihan) dont il fut le témoin impuissant : l’arrestation par l’armée allemande, deux jours après le débarquement du 6 juin 1944, de neuf jeunes résistants, surpris par des Feldgendarmes, torturés et exécutés. Par la suite, chrétien engagé et syndiqué à la fédération autonome des fonctionnaires, Yves Morvan s’impliqua dans la vie associative locale. Il était notamment le trésorier de la paroisse. Il travailla aussi pour l’association Carhaix-Tiers-monde, l’Association d’aide à domicile en milieu rural (ADMR) et dans les mutuelles et assurances agricoles. Il était « l’écrivain public » du quartier.

Guy Morvan fit ses études primaire et secondaire dans l’enseignement catholique, d’abord à Carhaix, à l’école Saint-Trémeur, puis il rejoignit en 1961 l’internat du lycée le Likes à Quimper (Finistère), inscrit en filière mathématiques et technique, où il obtint son baccalauréat en 1965.

Durant son adolescence, Guy Morvan fut membre des Scouts de France, de la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) et du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD). Lycéen puis étudiant, il encadra des colonies de vacances et des camp de scouts et d’adolescents. Il participa à des initiatives communes avec la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), la Jeunesse agricole chrétienne (JAC), parfois en association avec des mouvements de jeunesse laïques.

Après son baccalauréat, il poursuivit ses études en classes préparatoires dans le public, d’abord à Reims (Marne), au lycée Franklin-Roosevelt où « il fit le mur » pour contester la discipline de fer qui y régnait, puis à Brest (Finistère) au lycée Kérichen. De plus en plus critique sur la société, il refusa d’entrer aux Gad’zarts au Mans (Sarthe) autant parce qu’il était peu attiré par une carrière dans l’industrie que par rejet des traditions conservatrices de l’École nationale supérieure des arts et métiers (ENSAM) et préféra entrer à l’ENSAIS (devenue depuis l’INSA), spécialité topographie et travaux publics, à Strasbourg (Bas-Rhin).

Alors adhérent de l’UNEF-Section grandes écoles et fréquentant la mission étudiante, animée par des Dominicains, Guy Morvan vécut intensément Mai 68. Il fut un des meneurs des évènements dans son école d’ingénieur. Cette période pleine d’effervescence l’amena à réfléchir à sa formation d’ingénieur et à la place dans la société que lui assignaient ses études. Il rédigea avec ses camarades un texte contestant la sélection des étudiants, la pédagogie des études et le rôle social assigné aux futurs ingénieurs, titré « Être élève ingénieur à l’heure actuelle, qu’est-ce ? ». La suppression du dégradant bizutage pendant les années qui suivirent fut l’un des premiers résultats de cette mobilisation.

Il effectua son stage de quatrième année d’étude à la Direction départementale de l’agriculture de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) alors qu’éclatait le conflit du Joint Français mené par la CFDT. Il participa alors aux manifestations de soutien.

Après une tentative infructueuse de créer un bureau d’études sous forme de SCOP, il fut recruté en 1972 par la mairie du Havre, alors dirigée par André Duroméa, comme ingénieur subdivisionnaire au service assainissement, supervisant des constructions d’égouts dans une ville en pleine expansion. Bien qu’il fut sollicité à la fois par la section CGT et la cellule locale du Parti communiste, Guy Morvan préféra prendre contact avec l’Union locale (UL) CFDT du Havre et adhérer au syndicat dont l’attitude l’avait marqué en mai 1968 et au Joint Français. Siégeant à son conseil, il contribua en 1977 au démarrage d’une commission cadres avec l’appui de l’UL et de l’Union confédérale des cadres (UCC), et de son responsable Pierre Vanlerenberghe.

Entre-temps, en 1974, Guy Morvan avait pris la tête de la section de la mairie. La période était alors marquée par une conflictualité permanente avec l’employeur municipal, attisée par un maire adjoint communiste « orthodoxe » en charge du personnel. Face à sa mise à l’écart systématique par l’employeur municipal, la section CFDT de la mairie entama une grève en juin 1979 sur la base d’un cahier revendicatif au caractère essentiellement local. Alors les garages municipaux et la collecte d’ordures furent bloqués et des piquets de grève tenus pendant une semaine. Ce conflit, décrié par la CGT locale, eut un fort retentissement dans la presse, entraînant des divisions au conseil municipal, le PS et le PSU soutenant la section CFDT. Quelques résultats concrets furent arrachés, comme des reclassements de chauffeurs, l’amélioration de locaux et des indemnités pour les ouvriers de voirie ou des repos compensateurs pour ceux des espaces verts. Ce conflit, mettant en jeu les rapports entre les syndicats et les partis, fut à l’origine d’une réflexion de Guy Morvan qui le porta à rédiger à chaud un rapport pour les instances de la CFDT.

Pour la section du Havre, il siégea au conseil syndical départemental communaux-HLM de Seine Maritime, dirigé par Geneviève Elie. En 1974, Guy Morvan participa avec elle et Alphonse Dumaugez au congrès fondateur de la fédération Interco à Saint Malo, puis au congrès d’Autrans 1977 où il entra à la commission de branche communale.

Sollicité par Raymond Manceau, secrétaire fédéral, Guy Morvan intégra l’équipe fédérale Interco en 1980, au congrès de Strasbourg, comme permanent national de la branche communale, Jacques Nodin étant alors secrétaire général. Outre la branche communale, ses champs de responsabilité à la fédération couvraient le suivi de filières professionnelles naissantes (service technique, urbanisme, sport, animation, informatique), des groupes cadres, communaux puis fédéraux et retraités, celui de la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales avec Roger Pipeau et celui du Centre de formation du personnel communal (CFPC) avec Monique Herrou. Ayant la responsabilité géographique des syndicats de Basse-Normandie, Guy Morvan participa jusqu’en 1982 aux réunions du jeune syndicat Interco de Seine-Maritime installé le 28 février 1980. En 1983 il effectua un intérim de secrétaire fédéral aux côtés notamment d’Alain Viaud.

Il interrompit fin 1984 son mandat national, pour des raisons familiales, souhaitant aussi retrouver des responsabilités de cadre territorial. Après plusieurs tentatives infructueuses pour réintégrer une direction de services techniques municipaux, Guy Morvan rejoignit à la fin de l’année, comme chargé d’études, le CFPC, renommé en 1987 Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT). Il reprit en même temps le chemin de l’université de Rouen (Seine-Maritime), en formation continue et obtint en 1986 un DESS d’urbanisme.

Il débuta au CNFPT par un mi-temps au ministère de l’Urbanisme, au sein d’une mission sur le génie urbain piloté par Claude Martinand. À travers son activité professionnelle, il mit en œuvre les revendications portées par la CFDT sur l’évolution de la formation professionnelle et du rôle des collectivités territoriales. En 1991, il conçut le dispositif « Promoplan », avec l’aide de François Vidal qui avait déjà collaboré avec la confédération CFDT pour son système interne de formation. Ce dispositif de formation-action constitua au sein du CNFPT un réseau de 50 conseillers en formation aidant les collectivités à élaborer leurs plans de formation interne. Parmi ses fonctions au CNFPT, il fût notamment le directeur des éditions du CNFPT (1995-2009) et, à partir de 2003, chef de service à la direction nationale de la formation du CNFPT où il fut chargé jusqu’à son départ à la retraite, en 2009, de l’animation du réseau des responsables régionaux de formation, de la mise en œuvre de la réforme de la formation professionnelle tout au long de la vie dans la fonction publique territoriale et de l’appui du CNFPT aux conseils régionaux dans la prise en charge de la formation professionnelle et de l’apprentissage de leurs territoires. Entre 2002 à 2009 il participa également au Comité de pilotage de l’université d’hiver de la formation professionnelle organisé par Centre Inffo en lien avec le ministère du travail.

Guy Morvan poursuivit son activité syndicale. Il rejoignit le syndicat CFDT du personnel du CNFPT dont il fut le secrétaire pendant plusieurs mandats, jusqu’en 1996, date à laquelle il fut mis en minorité par des militants en désaccord avec la ligne confédérale. Il siégea également au Bureau national de l’UCC de 1994 à 2005 Il eut notamment la responsabilité de la formation continue des cadres. Avec le groupe Cadres Interco, il mena en 1999 une première enquête sur le temps de travail des cadres et les 35H. À la demande d’Alexis Guénégo, il constitua un groupe spécifique pour des adhérents cadres de direction des collectivités ne pouvant militer au niveau local. Il participa à de nombreuses revues syndicales ou professionnelles : Cadres CFDT de l’UCC, les revues Territoires de l’Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale (ADELS), Études et réflexion du CNFPTCahiers de la fonction publique, etc. En pleine polémique de l’acte II de la décentralisation et le transfert vers les départements et régions des personnels techniques de l’Éducation nationale, il publia, en 2003 une tribune dans Le Monde, « Essayons la décentralisation » pour défendre le principe de ce transfert.

Son investissement fût aussi européen. Il participa notamment avec Eurocadres, le CEDEFOP ou le Centre national des Arts et Métiers à divers séminaires (Berlin en 1990, Bruxelles et Turin en 1999, Paris en 2003…) pour partager les évolutions de l’emploi et de la formation professionnelle continue en Europe. Il œuvra en Pologne en 2000 et 2001, à Saint-Petersbourg en 2006, avec l’UE pour former des cadres d’administrations locales et échanger sur les systèmes de fonction publique.

À la retraite, Guy Morvan orienta ses interventions vers l’Afrique dans le cadre de missions de coopération décentralisée ou d’assistance de l’Union européenne au développement de l’Afrique, à Madagascar en 2010 et en Guinée (Conakry), en 2014, alors en pleine épidémie d’Ebola, et en 2017, pour le renforcement d’administrations locales, la création de fonctions publiques locales et la formation de leurs agents.
Guy Morvan eut également des engagements politiques. Adhérent du Parti socialiste unifié (PSU) entre 1978 et 1982, il participa notamment à la campagne présidentielle d’Huguette Bourchardeau à Yvetot (Seine-Maritime) en Normandie avant de rejoindre en 1983-1984 un groupe écologiste haut-normand.

À Yvetot, où il déménagea en 1977, il fit partie des groupes Témoignage Chrétien, avec lesquels il fêta le 10 mai 1981 l’arrivée de la gauche au pouvoir, dans l’imprimerie du journal. Il était alors marié à Hélène Gicquel, épousée à Saint-Brieuc, en 1971, avec qui il eut trois enfants : Katell, Nolwenn et Gwendal. Divorcé il épousa en 2010 Ingrid Schwabe, originaire du Bade-Wurtemberg faisant de l’Allemagne sa « seconde patrie ».

Pour citer cet article

https://maitron.fr/spip.php?article233202, notice MORVAN Guy par Marie-Pierre Sinou, version mise en ligne le 21 octobre 2020, dernière modification le 29 octobre 2020.

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