Biographie de Eric Caset-Carricaburu, militant d’Interco CFDT
Eric CASET-CARRICABURU a été secrétaire national de la fédération Interco CFDT de 1986 à 1993
CASET-CARRICABURU Eric
Né le 16 mars 1959 à Limoges (Haute-Vienne) ; agent administratif ; syndicaliste CFDT, secrétaire du syndicat CFDT de la Compagnie générale des Eau (1985-1987), conseiller fédéral puis secrétaire national de la fédération INTERCO CFDT (1986-1993).
Quatrième d’une fratrie de six enfants, le père d’Eric Caset-Carricaburu, Henri, était cadre administratif à l’INSEE et sa mère Françoise, démonstratrice à la Samaritaine.
À partir de l’adolescence, il est davantage influencé par les idées libertaires et antihiérarchiques, en réaction à son environnement familial plutôt engagé du côté du PCF et de la CGT.
Ayant raté son Baccalauréat en 1978, il entra alors à la Compagnie Générale des Eaux (CGE), établissement de la Banlieue de Paris en qualité d’agent administratif. Se trouvant sur son lieu de travail dans une mouvance syndicale principalement CGT, et il rejoignit un groupe actif de membres de la gauche non radicale (PCF, PSU, PS, ..) réunis dans un collectif appelé Comité Maintenant animé par deux anciens militants CGT. À l’occasion d’un des nombreux conflits sociaux sur l’organisation du travail et les salaires dans cet établissement, la CFDT peu importante dans l’entreprise sollicita en 1980 ce comité influent chez les salariés. Eric Caset-Carricaburu participa aux négociations comme porte-parole de ce comité. Il adhéra à la CFDT à la suite en 1982, sensible à l’état d’esprit d’écoute et de recherche de solutions collectives qui l’avaient marqué.
Eric Caset-Carricaburu devint secrétaire permanent de la Section syndicale CFDT de l’établissement Banlieue de la CGE de 1983 à 1985 puis secrétaire national CFDT de la CGE de 1985 à 1987. À ces titres, il fut membre du conseil syndical du Syndicat CFDT du personnel de la distribution de l’eau de la région parisienne (SPDE-RP) qui regroupait des sections syndicales de différentes entreprises. Il prit une part essentielle, avec Charles Liaser (notice Maitron …….), dans les réflexions de ce syndicat pour élaborer un objectif revendicatif comme le statut unique pour toutes les entreprises, et un projet politique pour la distribution de l’eau en France, par la création établissements publics industriels et commerciaux basés sur les bassins fluviaux à l’opposé d’autres projets comme la nationalisation ou la remunicipalisation.
Ses discussions avec la direction de la CGE, groupe présent également dans le transport, le bâtiment, la propreté, l’audiovisuel, et nombre d’entreprises, finirent par faire aboutir en 1983 le projet CFDT d’un comité de groupe. L’idée force était de mettre en place un lieu de dialogue, sur la stratégie de ce groupe. La Confédération fut également sollicitée sur cet objectif compte tenu de l’implantation multiple de la CGE en France et à l’étranger. Elle envoya un observateur lors des réunions de coordinations des différents représentants des fédérations professionnelles CFDT. Cette volonté permanente de discussions sur les orientations y compris internationales du groupe permit en 1993 de négocier la création d’une Instance de Dialogue Social Européen (IDSE) au sein de la CGE.
La confirmation par le service juridique confédéral CFDT en 1982 à Eric Caset-Carricaburu et Charles Liaser qu’une convention collective spécifique et distincte de la convention collective nationale du BTP pouvait être instaurée pour les métiers de l’eau, donna une légitimité à la revendication CFDT d’un statut collectif unique pour les entreprises assurant la distribution de l’eau. Les discussions d’Eric Caset-Carricaburu avec les autres organisations syndicales, CFTC, CFE-CGC, CGT et FO permirent la création d’une intersyndicale afin d’obtenir une convention collective des métiers de l’eau. Celle-ci rencontra ministères, partis politiques, groupes parlementaires afin d’obliger le syndicat professionnel à entamer des discussions. Les discussions internes d’Eric avec les dirigeants de la CGE et la transmission de l’analyse juridique confédérale débouchèrent en 1984 sur une rencontre entre le PDG du groupe et l’intersyndicale puis avec celui du groupe Lyonnaise des Eaux. Le travail d’unification des équipes syndicales qu’il a conduit ensuite lors de sa présence à la fédération Interco, en particulier avec le groupe SAUR, permit également une rencontre entre la CFDT et les dirigeants de ce groupe. Et ainsi des négociations commencèrent en avril 1998 et se conclurent par la signature d’une convention collective nationale en avril 2000.
Il devint conseiller fédéral de la fédération INTERCO CFDT en 1986. Préparant une licence AES (administration, économie, social), il choisit de l’abandonner en 1989 lorsque Jacques Nodin (notice Maitron 145900), alors secrétaire général le sollicita pour devenir secrétaire fédéral avec, entre autres responsabilités, celle de la branche Eau. Sa présence dans les instances de la Fédération lui permit de mieux faire reconnaitre les sections syndicales d’entreprises privées aux autres secteurs fédéraux essentiellement publics. Son rôle et son sens du contact ont été déterminants pour unifier cette branche initialement divisée entre les sociétés et filiales des trois groupes privés qu’étaient la Compagnie générale des eaux, la Lyonnaise des eaux, et la SAUR et de statuts différents pour les salariés (respectivement Fonction Publique Ville de Paris, EDF, BTP). Il organisa au centre de formation de Bierville de la CFDT une réunion intitulée « deux jours de l’eau » en octobre 1992 avec une centaine de militants de ces sociétés et où interviendra Nicole Notat alors secrétaire nationale de la CFDT. Cela fut un aboutissement décisif pour l’unification des militants de la branche Eau de la fédération INTERCO CFDT autour de valeurs et de revendications communes.
Très investi dans les démarches de professionnalisation des militants à leurs responsabilités, et très impliqué dans la préparation du congrès fédéral INTERCO CFDT du Canet en 1993, il corédigea et coprésenta, avec le responsable fédéral de la syndicalisation Didier Chastagnet, le projet de résolution « Potentiel Militant » dont les objectifs étaient la structuration des syndicats, la formation des militants, le recensement des compétences.
Investi de longue date, comme administrateur, dans la structure, La Neptune, régime de retraite spécial des agents de la CGE, son rôle fut déterminant dans les négociations avec l’entreprise, quand celle-ci décida de rattacher ces agents au régime général (CNAV). La Neptune se transforma alors en mutuelle d’entreprise et Il réussit à maintenir l’emploi des salariés affectés, les moyens alloués et la gouvernance avec les organisations syndicales. Eric Caset-Carricaburu en devint le président en 1992, suite aux premières élections organisées après cette transformation. Il occupa cette fonction jusqu’en 2002..
En parallèle et illustrant sa capacité d’écoute, et de dialogue, il continua à travailler pour la fédération INTERCO CFDT en partenariat avec le président de l’institut Iris-Interco, Yves-Marie Marionneau (notice Maitron 247296), sur un ambitieux programme de formation intitulé « Racines ».
De retour à la CGE, à l’issue du congrès INTERCO CFDT du Canet en 1993, il en devint en 1994 secrétaire du comité d’établissement « Région Parisienne » jusqu’en 1997. Il y trouva, en conformité avec sa personnalité, à la fois un lieu de discussion avec la direction et la possibilité d’inventer de multiples moyens de créations de liens sociaux entre salariés.
En 1996 lors d’un comité du groupe CGE le président Jean-Marie Messier annonça une vaste restructuration de l’ensemble des 42 sociétés de l’eau du groupe. Cela signifiant assurément un grand plan social, Eric Caset-Carricaburu et la délégation CFDT conduite par Charles Liaser exigèrent une négociation nationale. Le relais officiel fut pris par la fédération INTERCO CFDT car il n’existait pas de structure syndicale spécifique. La direction du groupe en novembre 1997, à l’issue d’une rencontre avec le Secrétaire général de la fédération INTERCO CFDT Alexis Gueneguo, accepta cette première en France d’une instance globale de négociation pour des sociétés dont certaines de faible effectif n’avaient ni délégués du personnel, ni comité d’entreprise. Eric Caset-Carricaburu eut un rôle décisif dans la coordination des équipes syndicales des entreprises où la CFDT existait, alors que les cultures, l’histoire, les accords d’entreprise étaient profondément différents. Ce travail permit d’obtenir en janvier 1998 un accord de réduction du temps de travail à 35 heures pour l’ensemble des salariés avec réorganisation du travail prévoyant une centaine de créations d’emplois et évitant ainsi la casse sociale. Une Unité économique et sociale (UES), structure permettant de regrouper l’ensemble des sociétés d’eau du groupe, fut créée en 2000 permettant ainsi d’avoir une gestion sociale unifiée par région des salariés d’entreprises différentes, et de pouvoir dialoguer globalement de la stratégie avec une représentation unique des salariés.
En 1998 Eric Caset-Carricaburu fut muté à Toulouse et devint le responsable formation de la région Sud-Ouest de l’UES Générale des Eaux. Il eut ainsi largement la possibilité d’œuvrer dans le développement des compétences et des potentiels des 1250 salariés de la région. En 2003 il fut nommé DRH adjoint de cette région puis DRH en 2005. Il quitta la société en 2016 à l’issue d’un plan social, passa un diplôme de mentor professionnel et créa son entreprise de mentorat et consultant en ressources humaines, travail qu’il effectua jusqu’à sa retraite, en 2022. Voulant obtenir enfin un diplôme sur ses compétences en matière de ressources humaines, il se présenta à l’Université de Toulouse, qui lui proposa plutôt d’être un intervenant sur ces questions. En 2018 il fût nommé Maitre de conférences associé à l’Université TSM (Toulouse Skool Management) pour intervenir sur la licence gestion option ressources humaines et sur les trois masters RH (formation initiale, formation continue, formation internationale.
Auteur
Charles Liaser
Sources
Fonds de la fédération Interco (FM18/1, 13/10, 19/33, 19/48, 19/49, 23/33, 27/30, 27/31, 27/32, 29/29, 37/15, 39/14, 52/2, 32/4, 32/7, 32/22, FP 29/6, 29/7 CDOF24/64. — Entretien en visio avec l’auteur le 1er décembre 2022. — Correspondances avec l’auteur (janvier, février, mai, juin 2023, septembre 2023).