Biographie de Yves-Marie Marionneau, militant d’Interco CFDT

Yves-Marie MARIONNEAU a été secrétaire national de la fédération Interco CFDT de 1974 à 1980

biographie

MARIONNEAU Yves-Marie, Eugène, Marcel

Né le 1er Août 1944 aux Magnils Reigners (Vendée), assistant social ; syndicaliste CFDT, secrétaire de la section CFDT Préfectures et départements du Val-de-Marne (1971-1973), permanent national du Syndicat national CFDT des Préfectures (1973-1974), secrétaire fédéral et national de la Fédération CFDT Interco (1974-1980), secrétaire de l’Union régionale CFDT et membre du Conseil économique et social de Poitou-Charentes (1984-1989 ), secrétaire général de l’UD de Charente-Maritime (1989-1992), délégué général d’Interco Recherches Initiatives Services (1984-1994), secrétaire fédéral chargé de la formation syndicale (1994-2007).

Dernier d’une famille de huit enfants, quatre garçons et quatre filles, né de Berthe Laporte, malade à sa naissance, il fut pris en charge par sa sœur Marie qui avait seize ans à l’époque. Son père Eugène Marionneau, né en 1898 et mort en 1967, était un ancien combattant de la guerre 1914-1918. Handicapé par un accident du travail en 1937, il tint, avec son épouse, un commerce itinérant de tissus. Sa mère, née en 1897, a été très marquée, d’abord par la guerre 1914-1918 où elle perdit deux frères, puis par la Deuxième Guerre mondiale, avec le décès de son fils, Marcel, chasseur alpin, mort pour la France en 1943 à Meknès (Maroc). Très croyante, enceinte à 48 ans d’Yves-Marie né en 1944, elle le considéra comme un « don du ciel ».

Yves-Marie Marionneau vécut son enfance avec des parents absents du fait de leur commerce. En nourrice à Luçon (Vendée), il y suivit ses études primaires à l’école confessionnelle du Sacré Cœur de Luçon, puis fit ses études secondaires aux petits séminaires de Chavagnes-en-Paillers et des Herbiers (Vendée). Il effectua deux années au grand séminaire de Luçon. Exempté du service militaire pour raison de santé (perte d’audition), mais désireux de prendre du recul par rapport à son avenir dans l’Église, il choisit de devenir, au titre de la coopération, professeur de sciences naturelles et économe adjoint au collège des Pères Blancs de Beni Yenni en Kabylie (Algérie), de 1965 à 1967, période au terme de laquelle il renonça à son projet de prêtrise. Au retour d’Algérie, il s’inscrivit à l’école de service social de Montparnasse à Paris, y étudia trois ans et obtint le diplôme d’état d’assistant social en 1970.

Les évènements de mai 1968 bousculèrent le déroulement de ses études. Contestant avec l’ensemble des étudiant(e)s en service social des treize écoles de Paris, le rôle des travailleurs sociaux et donc le contenu des études, Yves-Marie Marionneau participa à la création de l’Union parisienne des étudiants en service social (UPESS) qui se rattacha à l’UNEF. Avec ses camarades d’étude, il rassembla les éléments nécessaires à la réalisation d’un « livre bleu » sur l’avenir des professions et ses conséquences sur le contenu des études de service social (finalités du travail social, interdisciplinarité, reconnaissance universitaire des études…). La réalisation de ce livre permit également de nombreuses rencontres, débats et actions avec l’Union interfédérale CFDT des professionnels assistant(e)s sociaux. Yves-Marie Marionneau découvrit ainsi, au travers de ces évènements, la CFDT, le syndicalisme et l’action collective.

À la fin de ses études, il choisit, pour sa première embauche, le service public et la DDASS du Val-de-Marne. Il adhéra aussitôt à la CFDT. La section syndicale, qui rassemblait les personnels des préfectures et les agents départementaux et comptait dans ses rangs des futurs responsables de la Fédération, comme Jacques Nodin et Jean-Michel Bédécarrax, agissait notamment sur la formation permanente, le statut des stagiaires, le droit syndical. Elle multiplia, à cette époque, ses adhérents par trois pour dépasser la centaine d’adhérents.
Yves-Marie Marionneau aurait pu alors succéder à Jean Ruel, qui l’avait sollicité, comme secrétaire de l’Union départementale (UD) du Val-de-Marne mais il refusa de prendre si rapidement ce type de responsabilité. Il préféra participer activement aux formations interprofessionnelles qui, au sortir de Mai 68, musclèrent les convictions de nombreux jeunes militants, adhérents récents issus comme lui du mouvement de mai 1968.

En 1971, Yves-Marie Marionneau assista à son premier congrès national à Périgueux (Dordogne), celui du syndicat national CFDT des préfectures et agents départementaux. Il devint, deux ans après au congrès à Fouesnant (Finistère) sous le secrétariat de René Beurnaux, le premier permanent CFDT originaire des agents départementaux au sein du syndicat national, plutôt habitué jusque là à des fonctionnaires d’État issus des préfectures. Yves-Marie Marionneau négocia, avec l’équipe nationale, la reconnaissance des agents départementaux auprès du ministère de l’Intérieur afin notamment de leur donner un statut national et l’obtention du droit syndical. Dans la même période, en lien étroit avec la confédération, il chercha à rassembler dans la CFDT, les personnels des DDASS, personnels d’État et agents départementaux, afin qu’il n’y ait qu’une seule organisation syndicale CFDT dans cette administration, face au même pouvoir de décision. À l’époque, en effet, les fonctionnaires d’État des DDASS étaient dans une autre organisation CFDT : le Syndicat national des personnels d’état des DDASS (SYNDASS), ce syndicat étant lui-même rattaché à l’Union des affaires sociales CFDT (UAS).

Devenu permanent fédéral interco depuis la création de la Fédération CFDT en 1974, tout en poursuivant ses activités pour les personnels départementaux, il joua un rôle important pour unifier les différentes composantes de la Fédération issues des anciennes structures aux histoires et pratiques très différentes. Il développa notamment la formation syndicale (formation multi-branches, animation des branches police et agents des services d’eaux). En 1975, il organisa une formation de responsables de syndicats au centre de formation confédérale de Bierville (Boissy-la-Rivière, Essonne). Plusieurs futurs responsables de la Fédération ont participé à cette formation. Cela permit notamment l’arrivée de deux responsables de la future équipe fédérale : Raymond Manceau (Isère) et Alain Viaud (Loire-Atlantique).

La fédéralisation d’Interco pu réellement se développer à partir du congrès d’Autrans (Isère), en mars 1977. Trois nouveaux permanents -Jacques Nodin, Raymond Manceau et Alain Viaud – intégrèrent l’équipe déjà composée d’Yves-Marie Marionneau, de René Beurnaux, Georges Guillermou et Michel Tardiveau. Durant ce mandat de trois ans, Yves-Marie Marionneau défendit les objectifs revendicatifs fédéraux pour une première décentralisation face à Christian Bonnet, Ministre de l’Intérieur. Il organisa une session de recherche sur ce thème, un travail qui servit de base de négociation en 1981 quand Gaston Defferre occupait le poste de Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation.

Dans le cadre du plan de travail fédéral et de sa politique de développement et de formation, Yves-Marie Marionneau structura la politique de formation et organisa pendant ce mandat, une trentaine de « form-action » dans les départements, avec les syndicats existants. Ces « form-action », entrainèrent des regroupements de syndicats par départements et permit, après ce long travail de développement et d’organisation que le congrès de 1980 à Strasbourg se tint avec une majorité de mandats provenant des jeunes syndicats départementaux Interco, nouvellement crées. Ces syndicats, issus du regroupement des syndicats communaux et des syndicats préfectures et agents départementaux, pesèrent fortement sur la structuration de la Fédération.

Pour raisons personnelles, Yves-Marie Marionneau ne se représenta pas au congrès de 1980 et rejoignit La Rochelle (Charente-Maritime) où il reprit ses activités professionnelles d’assistant social à la DDASS. Il assura alors, avec le syndicat CFDT local, un travail de mise en place de la décentralisation et ses effets sur les statuts, sous l’autorité du préfet de Charente Maritime.

Dès 1984, il redevint permanent en partageant son temps, avec l’accord des deux structures, entre ses activités fédérales et des activités interprofessionnelles en Poitou-Charentes où il assura des mandats aux commissions exécutives de l’UD de Charente-Maritime et de l’Union régionale (URI) de Poitou-Charentes, ainsi qu’un mandat au Comité économique et social régional (CESR) de 1984 à1989. À la fin de cette période, Il devint Secrétaire général de l’UD pour un mandat unique de trois ans.

Dans le même temps, en 1984, Yves-Marie Marionneau est rappelé par la Fédération pour créer et devenir délégué général d’Interco Recherches Initiatives Services (IRIS). Cette association, créée par la Fédération, permit un travail avec les partenaires de l’économie sociale et solidaire dans le champ fédéral, pour développer une politique en direction des militants présents dans les instances représentatives du personnel. Il passa donc des accords avec les partenaires des mutuelles, des chèques déjeuners et chèques vacances. Il permit des interventions et des aides en direction des comités d’œuvres sociales (COS) dans les mairies et départements. Il développa aussi, avec le service juridique fédéral, (créé par Arsène Leray) des outils, notamment la mise en place d’une revue Liaisons CTP, au service des militants CFDT élus dans les instances représentatives du personnel dans la fonction publique (CAP et CTP).

À l’arrivée d’Alexis Guénégo au secrétariat général en 1992, Yves-Marie Marionneau quitta ses mandats interprofessionnels et redevint secrétaire fédéral, chargé spécifiquement de la formation. Le nouveau secrétaire général, qui avait vu les « les form-actions » entre 1977 et 1980 et connaissait les qualités de formateur d’Yves-Marie Marionneau, lui demanda en effet d’investir à nouveau la politique de formation. Ce dernier mit ainsi en place la formation « Racines » avec Eric Caset Carricaburu, secrétaire national. Cette formation était destinée au réseau des permanents des syndicats Interco. Il mit en œuvre également la formation des secrétaires de syndicats et des conseillers fédéraux avec l’Institut des sciences sociales du travail (ISST). De 2001 à 2007, Yves-Marie Marionneau ajouta à ses responsabilités, celle de chargé de mission fédéral à l’international. Il intervint, à ce titre, sur le bassin méditerranéen et travailla, en lien avec le secteur international de la confédération, sur les relations que la Fédération tissa avec l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Avec l’Institut Belleville, outil de coopération syndicale internationale de la CFDT, Il organisa notamment avec l’UGTA, une formation syndicale pour ses cadres sur le passage de l’économie administrée à l’économie ouverte à laquelle participa aussi Jean-François Trogrlic.

Yves-Marie Marionneau prit sa retraite en 2007. Il milita, à compter de cette date, au sein de l’association Algérie France Amitiés (ALFA) où il organisa des échanges culturels et associatifs. Il devint président de cette association, en Vendée de 2017 à 2020. Il poursuivit, également, le travail avec la fédération tant sur la formation que sur les activités internationales notamment avec la confédération palestinienne (PGFTU). Il participa également à la création du groupe histoire de la Fédération et à l’activité des unions territoriales des retraités (UTR) de Charente-Maritime puis de Vendée.

Yves-Marie Marionneau, marié en 1970 avec Chantal Hogard, fut père de deux enfants, Samuel et Frédéric, et grand-père de trois petits-enfants. Divorcé en 1996, il se remaria en 2019 avec Lilia Djennane.
Décédé à la suite d’une grave maladie très agressive qui l’emporta en moins de quatre mois, il fut inhumé dans le cimetière de son village natal à Magnils-Régniers (85).

Pour citer cet article

https://maitron.fr/spip.php?article247296, notice MARIONNEAU Yves-Marie, Eugène, Marcel par Alain Viaud, version mise en ligne le 16 avril 2022, dernière modification le 16 avril 2022.

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